Écrits en regard

Bernard Noël a écrit en regard de la peinture deFrançois Rouan durant tout le temps de leur correspondance artistique* sur les trois éditions originales de son dernier poème : « Le chemin d’encre » soit une dizaine d’années, jusqu’en 2018, ne cessant d’interroger la facture même du tableau en explorant sa chair : « La peinture n’est qu’un autre nom de la chair » écrit-il.

Quatre ans après sa disparition, nous présentons ici, les trois textes de Bernard Noël, écrits dans le cours de sa correspondance avec le peintre. Néanmoins, il est nécessaire d’inclure dans cet ensemble le manque d’un dernier écrit. L’écrivain en effet, par son souhait constant et exprimé à maintes reprises d’écrire pour ce recueil, un dernier texte, lui a donné une existence réelle sur le mode d’un impossible, faute de pouvoir se rendre une fois encore dans l’atelier du peintre, son état de santé l’en empêchant…

Continuer à écrire jusqu’à une fin qui s’imposerait par la sienne, telle était la règle qu’il s’était fixée sur « Le chemin d’encre », tant la fin de l’écriture et la survenue de sa mort avaient pour lui et depuis toujours partie liée… Cette présence de la mort contre laquelle ici encore il s’avance, n’y est cependant plus logée à la même place… Elle y tient sa place dernière. « Extrait du corps », le texte à l’origine de son engagement d’écrivain, lui apparait à ce moment et désormais, comme se retournant, devenant lui-même et dans le même temps, générateur de son objet : le corps comme conséquence nous dira Bernard Noël lors de son dernier passage dans l’atelier du peintre…